Ratking, le rap new yorkais au meilleur de sa forme

Ratking est un groupe de rap new yorkais formé en 2010. Il est composé de deux rappeurs, Wiki et Hak, et d’un beatmaker, Sporting Life. En 2012, ils avaient déjà publié un premier EP fougueux mais brouillon nommé « Wiki93 ». Ceux qui se réclament du Wu Tang et de Nas ont donc sorti le mois dernier leur premier long format « So It Goes » et sont prêts à s’imposer dans le « rapgame » pour de bon.

Il ne faut cependant surtout pas croire que ces jeunes américains reprennent bêtement les codes vulgaires du gansta rap. Ils préfèrent au contraire s’en écarter pour proposer quelque chose de nouveau. Leurs instrus explosives reprennent les codes de la house avec des samples très courts se répétant durant toute la chanson. Les différentes sonorités de l’album sont elles-mêmes très électroniques. L’intro « * » sonne comme une déclaration d’intention suivie par « Canal », proche d’un électro hardcore, jouissive par l’énergie et la fraîcheur qu’elle dégage. Elle donne l’impression de quelque chose de jamais entendu dans le Hip-Hop.

A cela s’ajoute un phrasé très rapide de Wiki qui donne une vigueur et un dynamisme à la musique de Ratking. Si cela est contrebalancé par le flow plus lent de son compère Hak, c’est bien le premier rappeur qui se fait le plus remarquer. C’est de lui dont on se souvient après l’écoute et de sa voix aigue et sifflante. Une chose en tout cas est évidente, c’est la fraîcheur et la spontanéité qui se dégage de ce disque. Même s’il comporte des erreurs, avec notamment une fin un peu brumeuse et qui sent un peu la redite, « So It Goes » conserve l’énergie juvénile indispensable pour se genre d’album survolté. Un peu comme pour le premier album des Palma Violets « 180 » l’année dernière, l’authenticité de la fougue que l’on ressent pendant l’écoute vient sauver quelques compositions bancales.

Les instrus de ce premier album ont également le talent d’évoquer New York avec force. Ou du moins une version fantasmée d’une ville très diverse. « Canal », « Protein » ou « Remove Ya » miment une métropole fourmillante qui vit à 2000 à l’heure tandis que « So Sick Stories » (en collaboration avec King Krule) évoque un Harlem à la coolitude absolue. En résumé, « So It Goes » se démarque par la grande diversité de ses instrus, empêchant ainsi la monotonie de s’installer.

Tout en cherchant à innover, les Ratking font plaisir par l’énergie et la vitalité qu’ils communiquent à travers ce premier album de bonne facture.